La perpétuité pour Yvan Colonna

Au prononcé du verdict, des sympathisants nationalistes ont crié plusieurs fois "liberta" tandis qu'Yvan Colonna levait ses bras menottés en leur direction. Après un mois de procès, le berger de Cargèse a été condamné jeudi soir à la perpétuité pour l'assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac. Les sept magistrats professionnels de la Cour d'assises spéciale de Paris (non composé d'un jury populaire puisqu'il s'agit d'une affaire de terrorisme) n'ont pas totalement suivi les réquisitions de l'accusation qui avait demandé que la perpétuité soit assortie d'une peine de sûreté incompressible de 22 ans.

Sans surprise, l'un des avocat d'Yvan Colonna a aussitôt indiqué qu'il allait faire appel, dénonçant un "verdict prononcé dans un dossier absolument vide de preuve pour l'accusation". "Nous avions démontré qu'il était innocent. Donc, pour nous, le combat ne fait que commencer", a-t-il lancé à l'issue de l'audience. Avant les délibérations qui ont duré cinq heures, l'accusé avait été le dernier à prendre la parole, pour redire son innocence (lire notre article). Ses avocats avaient plaidé l'acquittement au bénéfice du doute (lire notre article).

"Un'pienghjite micca"

"Un'pienghjite micca" ("ne pleurez pas" en langue corse), a dit l'accusé à sa famille, assise au premier rang. Son père et sa soeur se sont effondrés, tandis que sa compagne Pierrette ne laissait rien paraître. Peu après, de la salle d'audience, elle a appelé sur son portable le fils qu'elle a eu avec Yvan Colonna, Jean-Baptiste, 17 ans, pour lui annoncer le verdict.

Yvan Colonna, 47 ans, a également été reconnu coupable de l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella, en Corse-du-Sud, en septembre 1997, où deux gendarmes avaient été brièvement pris en otage. Leurs deux armes avaient été volées et l'une d'entre elles avait servi à l'assassinat du préfet, laissée en guise de signature dans la rue d'Ajaccio où Claude Erignac a été abattu de trois balles dans la nuque le 6 février 1998.

Six hommes ont déjà été condamnés en 2003 à des peines allant de 15 ans de réclusion à la perpétuité pour leur participation à l''assassinat du préfet Erignac et à ses préparatifs. Yvan Colonna a toujours clamé son innocence. Il a été arrêté en juillet 2003 dans le maquis corse après plus de quatre ans de fuite.


source lci